Récits de vie

HIER J’AI PASSE UNE HEURE EN 1930

Oui, ça vous semble étrange et pourtant ?

créations Tom Hussey , « Reflections of the Past »

Cette magnifique série de photos de Tom Hussey m’a donné envie de partager ce moment avec vous…

https://myastuces.com/personnes-agees/

Comment vous expliquer cela ? Je me trouve soudain transportée dans une impasse d’une petite ville de Seine-et-Oise, ceinturée de pavillons mitoyens bâtis par la Compagnie des chemins de fer de Paris à Orléans pour y loger ses employés. Une clôture légère, faite de piquets de bois, délimite le jardin de chacune des maisons. Assis sur le trottoir en terre battue, deux enfants se font face, entièrement absorbés dans leurs jeux en cette fin d’après-midi.

Le garçon, qui me tourne le dos, manipule bruyamment un petit train métallique tandis que sa sœur joue avec une poupée au teint clair. Elle porte une tenue élégante composée d’un chemisier blanc, d’une courte robe bleue qui s’arrête sur ses genoux et de hautes chaussettes qui remontent sur ses fins mollets. Relevant la tête un court instant dans ma direction, elle me fixe. Son regard est vif, son menton volontaire et sa chevelure blonde coupée court, s’arrête juste en dessous des oreilles. Avec son teint clair et ses yeux bleus, elle est vraiment jolie…

Cette petite fille, je la connais, c’est certain.

Alors que je m’approche à pas lents, elle pose son bambin dans un imposant landau en bois et, le poussant avec effort, disparaît au coin de la maison. Je la suis à l’arrière de la bâtisse ; dans la cour, un baquet d’eau est en train de chauffer, posé sur un feu aménagé à même le sol à l’aide de quelques briques. C’est sûrement le jour du bain.

La porte située à l’arrière du pavillon permet d’accéder à la cuisine où une soupe mijote paresseusement sur la cuisinière en fonte, l’unique moyen de chauffage de la maison. Je me dirige alors vers la salle à manger, remarquant au passage les traces noires laissées par le charbon de bois sur le sol de la buanderie voisine. Face à l’unique fenêtre de la pièce, une table en chêne ciré, quelques chaises à motifs floraux ainsi qu’un vaste buffet art déco occupent l’espace tandis que, dans un angle, un meuble radio aux courbes généreuses laisse échapper la voix gouailleuse de Maurice Chevalier. Plus étonnant, dans cette salle à manger se trouve également un lit : c’est celui de la petite fille qu’on n’a pas pu mettre ailleurs dans la maison. C’est là que je la retrouve assise, souriante, me faisant signe d’approcher pour pouvoir me raconter sa journée à voix basse…

La petite fille est toujours là, assise dans un large fauteuil, à côté de son lit. 

Le soleil qui traverse la porte-fenêtre de la chambre éclaire son visage où se dessine le même sourire qu’autrefois. Ses yeux bleus ne me fixent pas, ils semblent baignés dans une douce rêverie, perdus dans ces images que je ne vois plus maintenant… Elle s’appelle Huguette, elle a 95 ans. Elle est cette petite fille de 7 ans avec laquelle je viens de passer une heure en 1930. Elle semble heureuse, moi aussi.

5 réflexions au sujet de « HIER J’AI PASSE UNE HEURE EN 1930 »

  1. C’est super bien raconté,moi qui ai connu les lieux, j’y étais
    (C’était pas une impasse la rue vitor Hugo était une vraie rue)

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