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J’ai découvert la montagne et ses splendides paysages l’année de mes 7 ans, en février 1980.

Bien sûr, j’avais déjà vu de la neige : il y avait bien habituellement quelques flocons qui parsemaient nos Noëls de banlieue parisienne mais rien de comparable à ce que voyais ici.

Le chalet que nous occupions était planté sur une vaste étendue blanche et je mis quelques temps à comprendre que le jardin se cachait dessous. Chaque matin, la Simca 1307 de mon père et la Peugeot 304 de mon oncle avaient disparues. A l’aide de grandes pelles métalliques, les deux propriétaires les faisaient réapparaître. C’était alors l’heure d’entasser les parents, les enfants et le matériel dans les voitures et de se lancer dans ce qui constituait une découverte absolue pour tous : le ski.

C’est avec fierté que nous arborions des tenues bigarrées, prêtées pour l’occasion. L’équipement complet comportait également :

– les incontournables bonnets-en laine-qui-gratte ;

– les fameux sous-pulls synthétiques, ceux qui vous laissaient les cheveux hérissés longtemps après les avoir ôtés.

– quelques accessoires bien choisis (lunettes de ski orange ou jaunes, guêtres « stars ans stripes » de mon père).

Notre zone d’entraînement se limitait à une petite partie du domaine skiable, je dirais même la plus petite possible : la piste excentrée du Venay.

Cette année-là : pas de cours. On apprenait à skier tout seul, on s’initiait en regardant ceux qui tenaient debout. Il fallait aussi se débrouiller avec son matériel et notamment penser à accrocher ses skis à ses mollets à l’aide de la petite cordelette tricolore prévue à cet usage. Lorsque ma sœur a oublié de les attacher un jour et qu’elle a perdu l’un de ses skis lors d’une chute, j’ai vraiment compris à quoi cela servait. Son ski avait gentiment et directement filé jusqu’au petit torrent qui passait en contrebas de la piste. Ce jour-là maman est devenue aussi rouge que sa combinaison quand elle s’est glissée dans l’eau glacée du torrent…

Forts de l’observation des aînés et de succincts conseils, nous nous lancions dans l’ascension de l’unique téléski du lieu. A chaque passage, le gars des remontées mécaniques poinçonnait machinalement la petite carte accrochée à nos manteaux, parsemant la neige de confettis verts. A la fin de la semaine, lorsque nous avions suffisamment progressé pour réaliser plusieurs rotations par jour, indulgent, il nous faisait un petit mouvement de tête nous autorisant une remontée gratuite.

Etrangement, je ne me souviens pas tellement de mon apprentissage du ski, ni du nombre incalculable de fois où j’ai dû tomber.

Une scène, en revanche, passe encore devant mes yeux, au ralenti. (Soyons précis : ce n’est pas que je vois la scène plus lentement que la normale, non, c’est juste qu’elle s’était déroulée à une vitesse particulièrement lente, comme un ralenti !)

Ma mère et mon oncle se trouvaient alors presque seuls sur la piste. Concentrés dans leurs efforts pour effectuer (autant qu’ils le pouvaient) cette manœuvre que l’on appelle virage, ils ne s’étaient pas rendu compte qu’ils étaient proches, presque dos à dos. Quand, dans une lenteur extrême, leur acharnement finit par payer, exactement au même moment, ils entrèrent immédiatement en collision dans un grand enchevêtrement de skis et de bâtons. Avalanche de rires dans le clan des cousines.

Cette année-là, le seul moment où nous avons pris un peu de vitesse, c’est lorsque nous avons visionné le film que mon père avait réalisé avec sa caméra super 8… qui était restée en mode accéléré. On a bien rigolé quand on s’est vus faire du ski comme dans un vieux Charlie Chaplin !

J’ai appris que ce petit téléski a été démonté définitivement l’année dernière. Il a longtemps résisté et de nombreuses générations y ont découvert les joies des sports d’hiver. J’en fais partie pour toujours !

2 réflexions au sujet de « J’ai découvert la montagne et ses splendides paysages l’année de mes 7 ans, en février 1980. »

  1. Coucou c’est tata Philo. C’est super bien on a bien rigolé et cette année là et aujourd’hui encore grâce à toi qui racontes si bien. Merci et gros bisous.

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