La génération de nos grands-parents ne s’est pas toujours déplacée en voiture, loin de là !

L’achat de la première auto a souvent constitué un événement marquant : acquis d’occasion et conservé de nombreuses années, ce véhicule apportait une liberté insoupçonnée, la possibilité de découvrir de nouveaux horizons, en partant notamment en vacances, même à quelques kilomètres de chez soi.

Aujourd’hui, je ne vous parlerai pas de la première voiture de mon grand-père, une belle SIMCA Aronde, mais de celle qu’il avait dans les années 1970 et que j’ai donc bien connue…

Mais, saurez-vous la reconnaitre ?

Enfant, la ligne originale de cette voiture m’intriguait et m’inspirait tout particulièrement. Pour moi, c’était beaucoup plus qu’une voiture. Ainsi, avec sa forme de toupie à l’envers, je trouvais qu’elle s’apparentait nettement, de profil, à une soucoupe volante ! Quand on l’observait de face, il semblait évident qu’en la dotant d’une paire d’aile adéquate, elle ressemblerait alors à un avion, telle la DS volante du célèbre Fantômas !

Il est vrai qu’elle avait vraiment de l’allure avec tous les détails chromés qu’elle arborait fièrement et que je trouvais extrêmement chics :  pare-chocs, rétroviseur et baguettes argentées qui longeaient les bas de caisse et l’ouverture du coffre à l’arrière. De prime abord, elle semblait sage et douce avec sa carrosserie de dragée acidulée, bleu pastel…

Mais sous son apparente docilité, j’avais deviné que se cachait en réalité un vrai fauve de métal possédant deux yeux jaunes et rectangulaires qui perçaient la calandre de plastique noire, un grand museau-trapèze qui mettait en valeur le losange de la marque et deux puissants crocs sous la forme de butoirs en caoutchouc ornant le pare-choc avant.

L’intérieur, quant à lui, me semblait le comble du luxe… Aujourd’hui mon jugement serait sûrement plus réservé car, digne des seventies, il était en réalité, essentiellement constitué de plastique et de rembourrage en skaï noir brillant. La banquette arrière accueillait confortablement ses passagers sur ses petits boudins noirs surpiqués. Ils y bénéficiaient d’équipements modernes tels que des poignées au-dessus des vitres et des accoudoirs sur les portières. Mais mon accessoire préféré, et de loin, était l’accoudoir central intégré dans la banquette arrière et que l’on pouvait déplier, à la demande. Avec ma sœur, nous ne cessions de le descendre et de le monter, ce qui énervait mon grand-père…qui ne manquait pas de nous rappeler à l’ordre d’un ton ferme !

Depuis la banquette arrière où je me trouvais, le volant de la voiture était très impressionnant, tellement large, si fin, qu’on aurait dit la barre d’un bateau, sobrement décorée, dans sa partie centrale, par un accordéon de plastique noir. Mon grand-père se transformait alors en skippeur qui gardait le cap à l’aide des trois petits cadrans circulaires qui garnissait le cockpit du véhicule !

Cette auto incarnait particulièrement les vacances car c’est avec elle que nous partions « à la campagne ». Accoudée sur la plage arrière, je regardais les paysages familiers s’éloigner au fur et à mesure pour laisser place, enfin, à l’aventure et aux plaisirs de l’été ! Un morceau de fourrure synthétique apportait une touche orangée à la plage arrière. Orange, c’était aussi la couleur du petit chien à la peau de velours plastique qui occupait une petite partie de cet espace situé derrière la vitre arrière. Il acceptait de le partager avec moi sans maugréer mais sans partager toutefois mon enthousiasme pour ces trajets ! En effet, lui, ne cessait de dodeliner doucement de la tête, d’un air triste et vide, au fil des cahots de la route…

Bien des années plus tard, lors d’un voyage en Hongrie, à la toute fin des années 1980, j’ai revu, avec grand plaisir et un peu de nostalgie, beaucoup de ses cousines sous l’appellation « Dacia 1300 » si je ne me trompe pas…

Alors, ça y est, vous savez quelle voiture mon grand-père conduisait ?